On compte, chaque année, plusieurs milliards d’euros transmis sous forme d’actions ou de liquidités, et derrière chaque héritage, ce sont des choix décisifs qui s’imposent. Pas question de naviguer à vue : la nature des actifs reçus, la fiscalité qui s’y attache et les démarches pour les récupérer conditionnent la suite du parcours pour les bénéficiaires.
Recevoir des actions en héritage implique automatiquement la transmission de leur valeur au jour du décès, mais une fiscalité distincte s’applique selon qu’il s’agit de titres cotés, non cotés ou de liquidités. Un legs en argent liquide, lui, ne bénéficie d’aucun effet de levier potentiel, mais il épargne à ses bénéficiaires la volatilité des marchés financiers.
Les héritiers doivent réaliser des démarches spécifiques pour chaque type d’actif, sous peine de retards ou de pénalités. Certains choix effectués dans les premières semaines peuvent affecter durablement la fiscalité et la valorisation du patrimoine transmis.
Plan de l'article
- Hériter d’actions ou d’argent liquide : ce qu’il faut savoir dès le départ
- Quelles démarches effectuer pour accéder à l’héritage et débloquer les fonds ?
- Actions ou liquidités : avantages, inconvénients et critères de choix selon votre situation
- Conseils pratiques pour optimiser et sécuriser la transmission de votre patrimoine hérité
Hériter d’actions ou d’argent liquide : ce qu’il faut savoir dès le départ
Hériter, ce n’est pas seulement toucher un capital : il s’agit de choisir entre deux réalités bien différentes, les actions et l’argent liquide. Chacune entraîne ses propres mécanismes en matière de succession, de droits à payer et d’organisation du patrimoine.
Dès le décès, la transmission s’opère selon les termes du testament ou les règles fixées par la loi. La composition du patrimoine, titres, liquidités, immobilier, oriente la fiscalité applicable et la manière dont les héritiers pourront gérer ce qu’ils reçoivent.
Pour les actions, la base de calcul des droits de succession correspond au cours boursier constaté le jour du décès. Ce point est capital : le montant retenu n’est pas celui obtenu lors d’une revente ultérieure, et il peut s’écarter fortement selon la conjoncture. La plupart du temps, l’enfant ou le conjoint hérite en nue-propriété ; l’usufruit (le droit de percevoir les revenus) subsiste au profit d’un autre héritier jusqu’à son décès. L’argent liquide, lui, s’avère plus facile à répartir et à utiliser immédiatement, mais il ne permet aucune possibilité de plus-value future.
Le lien de parenté joue un rôle déterminant dans le calcul de l’abattement fiscal sur la part recueillie. Un enfant ou un conjoint survivant profite d’allègements, alors qu’un neveu ou un ami paiera un taux plus élevé. Certains régimes matrimoniaux offrent une meilleure protection au conjoint en lui réservant une part plus large du patrimoine. Les dettes du défunt doivent également être intégrées à la réflexion : elles peuvent inciter à privilégier la liquidité pour faire face rapidement aux créanciers.
Accepter l’héritage implique de reprendre l’ensemble des biens, mais aussi des dettes. Renoncer reste envisageable, à condition de respecter des délais stricts. La configuration familiale et la nature des actifs reçus exigent une analyse sur mesure, notamment si les enfants deviennent nus-propriétaires d’actions. Préparer la transmission, c’est anticiper, s’informer et se faire accompagner, que ce soit par un notaire ou un conseiller spécialisé en succession.
Quelles démarches effectuer pour accéder à l’héritage et débloquer les fonds ?
À la minute où le décès est enregistré, la banque bloque les comptes de la personne décédée. Toute opération, retrait ou virement, devient impossible sans autorisation. La suite passe obligatoirement par le notaire : la rédaction de l’acte de notoriété, pièce centrale qui désigne officiellement les héritiers et leurs droits. Ce document servira de clé pour enclencher toutes les démarches : la banque l’exige pour débloquer l’argent liquide ou les avoirs financiers.
Accéder aux comptes bancaires et titres financiers
Voici les étapes à suivre pour obtenir le déblocage des fonds et des titres :
- Remettez à la banque l’acte de notoriété, accompagné du certificat de décès et d’un RIB pour chaque héritier.
- La banque règle, si possible, les droits de succession directement au Trésor public à partir des sommes disponibles.
- Le partage des fonds a lieu après le paiement des frais funéraires, des factures en suspens et des dettes éventuelles du défunt.
Pour les actions ou titres détenus sur un compte-titres ou un PEA, le notaire remet une attestation de propriété à la banque ou à l’établissement gestionnaire. Les droits des héritiers sont alors reconnus, les titres peuvent être transférés ou vendus à leur nom. La fiscalité s’applique toujours sur la valeur des titres au jour du décès, peu importe le prix de revente ultérieur.
Lorsqu’un testament ou un contrat d’assurance-vie est en jeu, la compagnie d’assurance ou la banque demande l’acte de décès, une pièce d’identité et la preuve du lien familial. Après vérification, le versement se fait directement au(x) bénéficiaire(s) désigné(s).
La rapidité de la liquidation dépend d’un dossier complet et de la transmission sans accroc des justificatifs.
Actions ou liquidités : avantages, inconvénients et critères de choix selon votre situation
Transmettre des actions, c’est miser sur un patrimoine qui évolue avec les marchés. Leur valeur peut grimper ou reculer, selon la conjoncture. Détenir des titres via un PEA ou un compte-titres permet de diversifier l’héritage, mais cela suppose un suivi régulier. Les héritiers s’exposent au risque de perte en capital : une chute des marchés réduit mécaniquement la valeur reçue. En contrepartie, les dividendes versés constituent un complément de revenu. Avantage fiscal non négligeable : lors d’une transmission, la valeur des actions retenue correspond à celle du jour du décès ; un marché en baisse peut donc réduire la base imposable.
Transmettre de l’argent liquide offre une solution immédiate : les bénéficiaires disposent de sommes utilisables sans attendre, pour régler des dettes, financer des projets ou faire face à des imprévus. Aucun aléa lié aux marchés, aucune gestion de portefeuille à prévoir. En revanche, laisser son héritage sur un compte bancaire n’apporte aucun rendement ; l’inflation érode la valeur de l’épargne et la fiscalité reste inchangée, calculée sur le montant transmis.
Pour guider le choix, plusieurs critères méritent d’être examinés :
- Âge et profil des héritiers : un adulte autonome saura gérer des titres, tandis qu’un mineur ou une personne fragile sera avantagée par des liquidités.
- Montant concerné : pour des sommes modérées, la simplicité des liquidités séduit ; pour un patrimoine conséquent, la diversification via des actions est pertinente.
- Objectifs des bénéficiaires : besoin de trésorerie immédiate pour des dépenses urgentes, ou recherche d’une valorisation à long terme pour faire fructifier le capital.
La structure familiale, l’expérience face aux marchés et les ambitions patrimoniales pèsent dans la balance, chaque contexte appelant une solution sur mesure.
Conseils pratiques pour optimiser et sécuriser la transmission de votre patrimoine hérité
Préparez la transmission en amont : anticiper facilite la tâche de vos héritiers. La donation (en pleine propriété ou en nue-propriété) offre des marges de manœuvre appréciables. Tous les 15 ans, un abattement de 100 000 € par parent et par enfant s’applique : profitez-en pour alléger la charge fiscale en fractionnant les transmissions.
L’assurance vie demeure une solution phare : elle permet de désigner précisément les bénéficiaires, de diversifier les supports et de profiter d’un cadre fiscal attractif avant 70 ans. Les capitaux transmis via l’assurance vie échappent à la succession classique : chaque bénéficiaire bénéficie d’un abattement de 152 500 € sur les sommes versées avant 70 ans, puis d’une fiscalité distincte. N’oubliez pas de mettre à jour régulièrement la clause bénéficiaire pour éviter toute mauvaise surprise.
Le plan d’épargne retraite (PER) complète la palette : il autorise la transmission d’un capital dans un contexte fiscal adapté. L’âge du souscripteur au moment du décès conditionne le régime d’imposition. Pour les versements effectués avant 70 ans, l’abattement de 152 500 € s’applique également.
Pour assurer une transmission harmonieuse et limiter les risques, gardez à l’esprit les recommandations suivantes :
- Vérifiez la cohérence entre testament, régime matrimonial, bénéficiaires d’assurance vie et contrats de capitalisation.
- Interrogez-vous sur la gestion du patrimoine : diversifier entre liquidités, actions, assurance vie et immobilier limite la concentration des risques.
- Sollicitez un notaire ou un professionnel en gestion de patrimoine pour comparer l’intérêt d’une transmission immédiate (donation) et d’une succession différée.
La fiscalité n’est jamais figée : elle évolue au fil du temps, il convient donc de rester attentif aux nouveautés et d’ajuster sa stratégie. Transmettre, c’est aussi prémunir ses proches contre les dettes du défunt : accepter l’héritage à concurrence de l’actif net protège contre la reprise de dettes qui dépasseraient la valeur du patrimoine recueilli.
Hériter, c’est ouvrir une fenêtre sur l’avenir, à condition de bien connaître les règles du jeu. Une décision, un conseil avisé, et l’héritage peut devenir un véritable levier pour la génération suivante, plutôt qu’un casse-tête ou une source de conflits.


