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Aider efficacement une personne à surmonter la solitude

Dire que la solitude est une question individuelle serait passer à côté de l’ampleur du phénomène. Dans certaines cultures, demander de l’aide face à l’isolement social reste un tabou, alors même que l’Organisation mondiale de la santé reconnaît ses effets délétères sur la santé mentale et physique. Une étude menée en 2022 par l’Université de Harvard révèle que la solitude prolongée multiplie par deux le risque de troubles dépressifs.

Les réponses toutes faites n’ont jamais existé. Chacun réagit différemment selon son parcours, ses ressources, son entourage. Pourtant, quelques pistes concrètes permettent d’apporter un véritable soutien à celles et ceux qui traversent cette épreuve.

La solitude : comprendre ses causes et ses conséquences sur le bien-être

Quand on aborde la solitude, il faut distinguer deux réalités : d’un côté, l’expérience intime, parfois douloureuse ; de l’autre, l’isolement social qui se mesure à l’aune du nombre de contacts et d’interactions. Ces deux états s’entremêlent mais ne se confondent pas.

L’OMS le rappelle : ces situations fragilisent la santé mentale et physique, et leurs conséquences sont désormais bien documentées.

En France, la statistique claque : près de 30 % des personnes de plus de 75 ans vivent seules. Un chiffre qui masque une réalité plus large : les femmes, les personnes séparées ou les adultes vivant seuls sont davantage exposés. On pense d’abord à la personne âgée, mais la solitude touche tous les âges, tous les milieux.

Voici les conséquences sur la santé qui reviennent le plus souvent dans les études :

  • Risque accru de dépression, d’anxiété, de déclin cognitif ou de problèmes cardiovasculaires.
  • Certains troubles psychiatriques, comme la phobie sociale ou le trouble bipolaire, peuvent autant mener à la solitude qu’en découler.

L’isolement qui dure finit par miner l’estime de soi. Certains sombrent dans des comportements à risque : addictions, refus de sortir du lit, ce que les psychiatres nomment la clinophilie. Dans les cas extrêmes, le syndrome hikikomori enferme dans un repli radical. Le cercle vicieux s’installe : la santé mentale vacille, les liens sociaux se délient.

Reste un point d’ancrage solide : entretenir des liens sociaux de qualité protège la santé sur tous les plans. Sans vigilance, l’isolement devient un terrain propice à la maladie d’Alzheimer, à l’anxiété ou à la perte des facultés cognitives.

Comment reconnaître les signes de l’isolement chez un proche ou en soi-même ?

Déceler l’isolement social demande de l’attention. Les indices se glissent dans la routine : invitations refusées, téléphone qui ne sonne plus, sorties qui s’espacent. Les causes s’accumulent : distance géographique, deuil, perte d’autonomie, rupture familiale, autant de circonstances qui, surtout chez les aînés, peuvent précipiter le repli.

Plusieurs signaux doivent attirer l’attention :

  • Changements dans les habitudes alimentaires
  • Éloignement progressif du cercle social
  • Moins de contacts avec la famille
  • Perte d’initiative ou absence d’entrain

Des signes plus subtils apparaissent : la personne s’exprime moins, perd de l’intérêt pour les activités collectives, formule des phrases négatives (« je ne sers plus à rien »), ou montre des troubles du sommeil, de l’anxiété, une humeur plus sombre.

Reconnaître ces manifestations, chez l’autre comme chez soi, constitue une étape déterminante. Il n’est pas rare qu’un proche qui s’isole n’exprime aucune demande explicite, mais attende un geste, une écoute. La vigilance s’impose particulièrement lorsque la solitude s’installe avec des signes physiques ou psychiques persistants. Repérer tôt ces signaux, et ouvrir le dialogue sans détour, peut amorcer le retour vers des relations sociales saines et couper court à la spirale de l’isolement.

Jeune bénévole discutant avec une personne âgée autour d

Des solutions concrètes et bienveillantes pour accompagner la sortie de la solitude

La solitude n’a rien d’une fatalité. Plusieurs leviers permettent de briser l’isolement, à condition de s’adapter à chaque situation. Pour les personnes âgées, le soutien des associations constitue souvent une première réponse : distribution de repas, visites, ateliers créatifs, activités collectives. Autant d’occasions de stimuler la vie sociale et d’ouvrir de nouveaux horizons. Sur le terrain, des auxiliaires de vie, à l’exemple du réseau Petits-fils, veillent chaque jour au maintien à domicile, combinant accompagnement et sécurité.

Les outils numériques offrent une autre voie. Appels vidéo, messageries instantanées, réseaux sociaux : la technologie maintient le lien social avec les proches, même à distance. Certains dispositifs de téléassistance s’avèrent précieux pour rassurer l’entourage et intervenir rapidement en cas de problème.

Dans des situations plus complexes, la psychothérapie apporte un soutien professionnel. Les approches validées comme la thérapie cognitive et comportementale (TCC) ou la thérapie interpersonnelle (TIP) aident à restaurer la confiance en soi et à renouer avec l’extérieur.

D’autres initiatives montrent l’efficacité d’un accompagnement sur-mesure. Le projet « Te Acompaña » de la Croix-Rouge espagnole, par exemple, a permis de nouer plus de 6 700 contacts en une seule année. Selon les besoins, il s’agit d’adapter le logement, de pratiquer une activité physique régulière, ou d’être épaulé par un aidant familial. Ce qui fait la différence, c’est la constance et la sincérité des échanges : rien ne vaut le contact régulier et authentique pour retrouver confiance et équilibre social.

La solitude n’a pas le dernier mot. La première écoute, le petit message ou la main tendue peuvent ouvrir une brèche dans le mur du silence. Reste à multiplier ces gestes, pour que personne ne s’habitue à l’absence.