1 226 000. C’est le nombre de bénéficiaires de l’APA à domicile recensés en France fin 2023. Derrière ce chiffre massif, une réalité : l’APA n’est jamais une mécanique purement comptable. Le montant attribué ne se contente pas de suivre les ressources, il navigue entre barème national, ajustements départementaux, et subtilités parfois méconnues. Deux personnes en GIR 1 ou 2, vivant avec le même budget, ne recevront pas forcément la même aide selon leur département ou la composition de leur foyer. Rien n’est figé, surtout pas lors de la réévaluation annuelle, qui peut, ou non, bouleverser le montant perçu si l’autonomie ou la configuration familiale évolue. Et pour ceux hébergés temporairement, ou en accueil familial, d’autres règles s’invitent à la table, créant des écarts inattendus.
Plan de l'article
- À qui s’adresse l’APA à domicile et comment savoir si vous êtes éligible ?
- Le rôle du GIR et de la grille AGGIR dans l’évaluation de la perte d’autonomie
- Calcul de l’APA à domicile : facteurs pris en compte et méthode de détermination du montant
- Conseils pratiques pour constituer votre dossier et bien préparer votre demande d’APA
À qui s’adresse l’APA à domicile et comment savoir si vous êtes éligible ?
L’APA, allocation personnalisée d’autonomie, vise toute personne âgée de 60 ans ou plus, confrontée à une perte d’autonomie, et résidant en France de façon stable. Cette aide, versée par le conseil départemental, concerne précisément celles et ceux qui, du fait d’une dépendance, ne peuvent plus assurer seuls les gestes du quotidien.
L’accès à l’APA dépend d’abord du niveau de dépendance, déterminé par la grille AGGIR. Cet outil, incontournable, classe les personnes âgées selon leur degré d’autonomie dans des groupes iso-ressources (GIR), du niveau 1 au niveau 4. Seuls les GIR 1 à 4 ouvrent droit à cette allocation. L’évaluation ne se fait pas sur dossier : une équipe médico-sociale se déplace au domicile pour apprécier chaque situation dans sa réalité.
Pour bien comprendre à quoi correspondent les différents niveaux de GIR, voici un résumé clair :
- GIR 1 : personne confinée au lit ou en fauteuil, avec des troubles mentaux sévères.
- GIR 2 : personne en fauteuil, atteinte de troubles mentaux partiels.
- GIR 3 : autonomie mentale préservée, mais besoin d’aide indispensable pour l’hygiène ou l’habillage.
- GIR 4 : besoin d’assistance pour se lever, se coucher, ou recevoir des soins corporels.
La demande d’APA s’effectue auprès du conseil départemental, du CCAS ou du CLIC. Le versement intervient après l’évaluation médico-sociale et la validation du plan d’aide adapté. Les ressources n’empêchent jamais l’accès à l’APA, mais elles déterminent si une participation financière sera demandée. À chaque étape, le dialogue avec les services locaux simplifie la démarche et accélère la prise en charge.
Le rôle du GIR et de la grille AGGIR dans l’évaluation de la perte d’autonomie
Tout commence avec la grille AGGIR. C’est l’outil central pour mesurer l’autonomie d’une personne âgée. Cette grille passe au crible seize critères qui couvrent l’autonomie physique, mentale et sociale. L’équipe médico-sociale se rend à domicile pour évaluer, en situation réelle, chaque aspect du quotidien.
La grille AGGIR répartit les personnes en groupes iso-ressources (GIR), de 1 à 6. Seuls les GIR 1 à 4 donnent accès à une aide personnalisée à domicile. GIR 1, c’est la dépendance la plus lourde : personne très vulnérable, souvent alitée. GIR 2, ce sont celles et ceux qui, malgré une capacité à s’exprimer, nécessitent une assistance constante pour la majorité des gestes quotidiens. Les GIR 3 et 4 concernent des situations où l’aide reste incontournable, notamment pour l’hygiène, l’habillage ou la mobilité.
Le classement en GIR n’est pas une simple formalité : il détermine le plafond d’aide et la nature des services proposés. Ce dispositif se veut précis et personnalisé. L’environnement de vie, les capacités restantes et les aspirations de la personne sont pris en compte. L’enjeu : proposer un accompagnement sur-mesure, de l’aide à domicile à l’adaptation du logement, en passant par le portage de repas ou la téléassistance.
Calcul de l’APA à domicile : facteurs pris en compte et méthode de détermination du montant
Le calcul de l’APA à domicile jongle avec plusieurs critères : niveau de dépendance, ressources, besoins réels. Tout débute par l’élaboration d’un plan d’aide personnalisé par le conseil départemental. Ce plan détaille les aides nécessaires, portage de repas, adaptation du logement, téléassistance, matériel médical, ou aide humaine.
La première variable, c’est le GIR. À chaque niveau correspond un plafond mensuel fixé par l’État, revu chaque année (par exemple, 2 045,56 € pour un GIR 1 en 2025). Le coût total du plan d’aide ne peut dépasser ce plafond. Si les besoins sont moindres, l’APA couvre uniquement le coût réel.
La participation financière du bénéficiaire dépend de ses revenus. Jusqu’à environ 877 € mensuels (en 2024), aucune participation n’est exigée. Au-delà, la contribution augmente de façon progressive, sans jamais représenter plus de 90 % du reste à charge. Cette participation s’ajuste automatiquement si les revenus fluctuent ou si le plan d’aide est modifié.
Pour mieux cerner les dépenses intégrées au plan, voici les principaux postes pris en compte :
- Rémunération d’un aidant familial (hors conjoint, concubin ou pacsé)
- Aide à domicile (ménage, toilette, courses…)
- Portage de repas
- Téléassistance
- Fourniture de matériel médical ou adaptation du logement
L’APA n’est pas imposable, n’est pas récupérée sur la succession, et peut se cumuler avec un crédit d’impôt, ce qui réduit encore la facture. Attention toutefois : certaines aides comme l’ASH, l’ASPA ou la PCH ne sont pas cumulables avec l’APA. Pour chaque situation, il est donc utile de vérifier les dispositifs en cours.
Conseils pratiques pour constituer votre dossier et bien préparer votre demande d’APA
Pour constituer un dossier solide et accélérer la demande d’APA à domicile, un peu d’organisation s’impose. Avant de démarrer, rassemblez tous les justificatifs nécessaires : pièce d’identité, justificatif de domicile, relevé d’identité bancaire, avis d’imposition, justificatifs de ressources. Ces documents permettront au conseil départemental de traiter votre dossier sans délai.
S’appuyer sur les relais locaux fait gagner un temps précieux. Le CCAS de votre commune, le CLIC ou le service autonomie du département sont là pour vous guider. Présentez clairement la situation de maintien à domicile et les aides déjà mobilisées. Un dossier complet évite les oublis et limite les allers-retours administratifs.
Avant de déposer votre dossier, voici les points à vérifier :
- Obtenez le formulaire auprès de la mairie, du conseil départemental ou téléchargez-le en ligne.
- Assurez-vous d’avoir tous les justificatifs requis, car un document manquant bloque l’instruction.
- Si une hospitalisation a eu lieu récemment ou est en cours, informez-en le service : le versement de l’APA peut être suspendu pendant cette période.
Une fois le dossier déposé, une visite d’évaluation est programmée. Un agent ou une équipe médico-sociale viendra mesurer le niveau de dépendance avec la grille AGGIR. Préparez cette étape : détaillez les besoins, expliquez les difficultés rencontrées au quotidien. Cette évaluation conditionne la pertinence du plan d’aide proposé. C’est là que tout se joue pour obtenir un accompagnement adapté à la réalité de la personne concernée.
Un dossier bien ficelé, une évaluation sincère, et le maintien à domicile prend toute sa dimension : celle d’un accompagnement ajusté, réfléchi, et, surtout, respectueux de la singularité de chaque parcours.


